“The Spirit of Plants”, in “Motoko Tachikawa: We Are Still Here”.

ENGLISH

The spirit of plants

Contemporary artist Motoko Tachikawa observes and absorbs nature in her surroundings, be it outside in the wild, in the tamed city gardens, or in her own studio. She takes in lines, colors and light, which she later reassembles and pours out in abstract shapes over various material surfaces. This catalog is dedicated to Tachikawa’s plants and flower series, a topic she holds dear for over a decade. Plants are her models. She grows or finds them, borrows or saves them. She studies, draws, photographs, scans, and dissects them, layer by layer, inserting them in further revised arrangements of a personal interpretation of reality.

In her drawings, the artist builds the compositions with perfectly controlled gestures: raw outlines surrounded by hearty volumes of ink stains and blurs. Tachikawa’s carefully mastered technique of ink drawing allows for splattering, spilling, and smudging. With each stroke, she takes ownership of the shape, asserting her artistic vision. This control of the uncontrolled leads to the unplanned becoming undistinguished from the planned, merging into a complete fusion on the geography of the paper. All is measured and well-balanced: the shades of transparency, the intensity of the brushstrokes, the thickness of the paper; revealing, as such, the backside of some of the drawings into artworks of their own.

Certain pieces see Motoko Tachikawa relinquish the traditional two-dimensionality of drawings and engage in a surface exploration through collage. She cuts out parts of works recreating composition through the pasting process. The results are refreshingly reinvented arrangements, with at times harsh, contrasting shades of backgrounds. Nonetheless, they manage to maintain the harmony so innate to Tachikawa’s drawings. Black and red poppies, wildflowers and foliage become part of an imaginary and stylized garden.

Through a variety of techniques: drawings, digital collages, textile assemblages-, Tachikawa seems to follow a similar process. An image is decomposed layer by layer - its shape, color, light, the formations of the petals, leaves, and stems are absorbed, understood, digested, and recreated. It is as if the artist is looking for its purest and sincere meaning. In a process reminiscent of a search for a raison d’être, for the spirit of the image-plant, the artist strips off all unnecessary elements and concentrates on its basic structure. Reducing it to a contrasted essence, the image finally begins to make sense, and Tachikawa is then free to re-compose her own conception of the reality she perceives. The outcome is often an explicit abstraction, too coarse-grained for an illustration, yet too precise for non-realism.

Honouring the laws of nature, every element in Motoko Tachikawa’s artworks proudly holds its stance. The artist creates her own landscape, a garden with its own rules. Combining reinvented shapes with familiar plants, the artist encourages weeds and wildflowers to co-exist fairly. Tachikawa takes and gives ownership to each of the shapes she draws, acclaiming and admiring them. Through her unique perspective, she unveils the hidden beauty and intricacies of the natural world she sees. Her work serves as a testament to her keen observation and ability to capture the essence of her subjects.

 

FRANÇAIS

 

L’esprit des plantes

 

L'artiste contemporaine Motoko Tachikawa contemple et assimile le monde végétal qui l'entoure, que ce soit dans la nature, dans les jardins de ville ou dans son atelier. Elle absorbe les lignes, les contours, les couleurs et la lumière, qu’elle réassocie et déverse ensuite en formes abstraites sur des supports variés. Ce catalogue est consacré aux séries de plantes et de fleurs de Tachikawa, un sujet qui lui tient à cœur depuis plus d'une décennie. En effet, les plantes sont ses modèles. Elle les cultive ou les trouve, les emprunte ou les sauve. Elle les étudie, les dessine, les photographie, les scanne et les dissèque, couche après couche, afin d’en disposer dans des assemblages révisés, telle une re-interprétation personnelle de la réalité. 

C'est par des gestes parfaitement contrôlés que l'artiste construit ses compositions. Elle entoure ses contours bruts de volumes généreux de tâches et de traînées d’encre. Soigneusement maîtrisée par Tachikawa, cette technique de dessin à l'encre permet les éclaboussures, les débordements et les bavures. À chaque trait, elle s'approprie la forme, affirmant sa vision artistique. Cette maîtrise de l'impondérable mène à ce que l’imprévu ne se dissocie plus de l’attendu, se fondant de telle façon en une fusion complète sur le relief du papier. Tout est mesuré et équilibré : les nuances de transparence, l'intensité des coups de pinceau, l'épaisseur du papier, transformant ainsi le verso de certains dessins en œuvres d'art à part entière. 

Toutefois, dans certaines œuvres, Tachikawa s'écarte de la bidimensionnalité traditionnelle des dessins et s'engage dans une exploration de la surface, par le biais du collage. En découpant des parties d'œuvres, elle recrée la composition par le médium de l’assemblage. Il en résulte des arrangements réinventés et rafraîchissants, avec, par moments, des arrière-plans aux tons durs et contrastés. Néanmoins, ils parviennent à maintenir l'harmonie si innée des dessins de Tachikawa. Coquelicots noirs et rouges, fleurs sauvages et feuillages font partie d'un jardin imaginaire et stylisé.

À travers une variété de techniques - dessins, collages numériques, assemblages textiles -, Tachikawa semble suivre un processus similaire. Une image est décomposée couche par couche - sa forme, sa couleur, sa lumière, le contour des pétales, des feuilles et des tiges sont absorbées, comprises, digérées et recréées. Dans un processus qui rappelle la recherche d'une raison d'être, de l'esprit de la plante-image, l'artiste enlève les éléments futiles et se concentre sur la structure de base. Réduite à une essence contrastée, l'image commence enfin à avoir un sens, et Tachikawa est alors libre de recomposer la réalité qu’elle perçoit selon sa propre conception. Le résultat est souvent une abstraction explicite, aux traits à la fois trop grossiers pour une illustration, et trop précis pour du non-réalisme.

En respectant les lois de la nature, chaque élément des œuvres de Motoko Tachikawa tient dignement sa place. L'artiste crée son paysage intime, un jardin avec ses règles propres. Dans ses dessins, des figures réinventées se mêlent aux plantes familières et Motoko encourage les mauvaises herbes et les fleurs sauvages à coexister de façon équitable. Elle s'approprie chacune des formes qu'elle dessine, elle les célèbre et les admire. Grâce à son point de vue singulier, l'artiste dévoile la beauté cachée et les subtilités du monde naturel sur lequel elle se penche. Son travail témoigne alors de son sens aigu de l'observation et de sa capacité à capturer l'essence de ses sujets.

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