Zéro Deux # 107 | Unbound : Performance as Rupture at the Julia Stoschek Fondation, Berlin
EN
The exhibition “Unbound: Performance as Rupture” at the Julia Stoschek Foundation in Berlin leads the viewer on a circuit of videos and photographs, alongside several sculptures and installations, exploring the different usages of the human body in performance. Recognizing the sheer volume and length of the works, the foundation offers unique tickets valid for the entire duration of the show, blurring the lines between a traditional exhibition and a dynamic film program or festival experience. This flexibility allows the public to revisit and engage with the pieces repeatedly, fostering both education and convenience.
Proposing the overarching theme of performance, the exhibition casts a wide net, and allows for the liberty to include a larger selection of works. Considering the subject, the body thus becomes the central point of perspective when apprehending the works—from that of the artist or performer to that of the viewer. However, the body can also be conceptualized as the polarity inherent to humans; my body, the other’s body, or my body that I share with the other. A body we identify with or not at all: sick and healthy bodies, white or black, female or male raises questions of similarities or differences between humans. The exhibition leads us to questioning the questions.
The body serves as the foundation for all human performative action and creation. While some works explicitly foreground its central role (such as “Unlearn the Body” by Panteha Abareshi showing the limitations of a disabled body; “As British as a watermelon” by mandla & Graham Clayton-Chance portraying the role and trauma of their body in the context of migration and asylum; and “Shaved (At A Loss)” by Patty Chang uncovering the blinding imposed by the male-driven consumption norms) others explore its social and cultural significance. For example, Howardena Pindell’s depiction of a white face in “Free, White and 21” addresses the double standard hypocrisy in the American society of the 1970’s and 80’ with its continuous racial and cultural discrimination against black people, while Ulysses Jenkins in “Mass of Images” examines the creation of a fallacious broader perception of black individuals in cinema from the beginning of Hollywood, and thus the origin of certain racial stereotypes.
The presence of the camera in the conception of the works is crucial for it removes these bodies from their fixed temporal and spatial contexts. In fact, the exhibition is set about the body in relation to the camera, stepping away from the temporary and perishable aspect of live performance in front of an audience, as well as from its rendering as mere documentation. In essence, the performance is not just captured by the camera but is also performed for the camera. This act becomes a political choice, which transforms, enlarges, and generalizes the concept of the audience into a broader entity, bound neither to time nor space.
Fundamentally, the exhibition takes a critical stance opposing discrimination worldwide, advocating for various causes against injustice, and addressing contemporary issues of inclusivity related to race, sexuality, gender, feminist struggles, physical disabilities, and political activism. While the highly comprehensive approach covering a variety of directions committed to fighting repression is commendable, the number of causes and positions can leave the viewer disoriented. Within the exhibition space, one may find themselves immersed in a discourse that transcends geographic boundaries and aims to surpass the Eurocentric perspective, all the while focusing highly on North American narratives. Whereas highlighting key matters such as BIPOC discrimination in America or the colonial past of other nations, this angle may overlook the relevance of local contexts and omit to address issues specific to the region – social segregation, economic inequality, WW2 resolutions, and current feminist struggles for equality, potentially leaving visitors with a sense of disconnect and helplessness.
The exhibition features a remarkable selection of works by exceptional artists, spanning various generational discourses. It’s truly intellectually satisfying to have the opportunity to view together historical pieces by artists such as Howardena Pindell, Pope L., VALIE EXPORT, Ulysses Jenkins, Patty Chang, and peter campus. Ultimately, the show offers a serious cross-generational exploration of performance and protest, inviting the spectators to engage with many complex themes and perspectives. It evokes the polarity of the oppressor and the oppressed, as well as the camera as its witness, bringing the visitor along as an ally, a voyeur, or an onlooker to the action.
Article published on Unbound : Performance as Rupture at the Julia Stoschek Foundation, Berlin | Zérodeux / 02 (zerodeux.fr)
FR
L’exposition « Unbound : Performance as Rupture » à la Fondation Julia Stoschek à Berlin conduit le spectateur dans un circuit d’œuvres vidéo et photographiques, ainsi que plusieurs sculptures et installations, explorant les différents usages du corps humain dans le champ performatif. Ayant conscience du volume et de la durée des œuvres, la fondation propose des billets uniques valables pour toute la durée de la saison, brouillant ainsi les frontières entre une exposition traditionnelle et l’expérience d’un festival de cinéma. Cette flexibilité permet aux visiteurs de revoir les œuvres à plusieurs reprises, ce qui favorise à la fois l’éducation et l’accessibilité.
Sous le thème général de la performance, l’exposition permet d’inclure une vaste sélection d’œuvres. En restant fidèle au sujet, le terme du corps devient le point central d’où partent toutes les perspectives de l’appréhension des œuvres, qu’il s’agisse du corps de l’artiste/performeur-euse ou de celui des spectateurs. Cependant, le corps devient également conceptualisé comme une représentation de la polarité de l’humanité ; mon corps, celui de l’autre, ou bien mon corps que je partage avec l’autre. Ce corps auquel nous nous identifions ou pas du tout : des corps malades et sains, blancs ou noirs, féminins ou masculins, soulève des questions sur nos similitudes ou différences. L’exposition nous entraîne à questionner les questions.
Le corps est donc le fondement de toute action performative et de toute création humaine. Si certaines œuvres mettent explicitement en avant le rôle central du corps (comme « Unlearn the Body » de Panteha Abareshi, qui montre les limites d’un corps en situation de handicap ; « As British as a Watermelon » de mandla & Graham Clayton-Chance, qui dépeint le rôle et le traumatisme de son corps dans le contexte de la migration et de l’asile ; et « Shaved (At A Loss) » de Patty Chang, qui souligne l’aveuglement imposé par les normes de la société patriarcale de consommation), d’autres explorent sa signification sociale et culturelle. Par exemple, la représentation d’un “white face” par Howardena Pindell dans « Free, White and 21 » traite de l’hypocrisie des double-standards au sein de la société américaine des années 1970 et 1980 démontrant la discrimination raciale et culturelle continue à l’encontre des Noirs, tandis qu’Ulysses Jenkins avec « Mass of Images » examine la création d’une perception plus large et fallacieuse des Noirs dans le cinéma depuis les débuts d’Hollywood, et donc l’origine de certains stéréotypes raciaux.
La présence de la caméra au coeur de la conception des œuvres est décisive car elle retire ces corps de leurs contextes spatio-temporels fixes. En effet, l’exposition s’articule autour du corps en relation avec la caméra, s’éloignant de l’aspect temporaire et périssable de la performance live devant un public, tout comme le rendu d’une simple documentation. La performance n’est pas seulement capturée par la caméra, mais elle est plus encore réalisée pour la caméra. Cet acte devient un choix politique, qui transforme, élargit et généralise le concept de public en une entité plus large, qui transcende le temps et l’espace.
Dans ses fondements, l’exposition adopte une position critique à l’égard de la discrimination de notre monde, en défendant diverses causes contre l’injustice et en abordant des questions contemporaines d’inclusion liées à la race, à la sexualité, au genre, aux luttes féministes, aux handicaps physiques et à l’activisme politique. Bien que l’approche très complète couvrant une variété de directions engagées dans la lutte contre la répression soit louable, le nombre de causes et de positions peut laisser le spectateur désorienté. Dans l’espace de la fondation, nous nous retrouvons immergés au sein d’un discours qui transcende les frontières géographiques et vise à dépasser la perspective eurocentrique, tout en se concentrant fortement par ailleurs sur les récits nord-américains. Alors que l’on souligne des questions essentielles telles que la discrimination des personnes racisées en Amérique ou le passé colonial d’autres nations, cet angle peut négliger la pertinence des contextes locaux et omettre d’aborder des questions spécifiques à la région telles la ségrégation sociale, l’inégalité économique, les résolutions de la Seconde Guerre mondiale et les luttes féministes actuelles en faveur de l’égalité, ce qui peut laisser aux visiteurs un sentiment de déconnexion et d’impuissance.
L’exposition présente une remarquable sélection d’œuvres d’artistes exceptionnel-le-s, couvrant différents discours générationnels. Il est vraiment satisfaisant sur le plan intellectuel d’avoir l’occasion de voir ensemble des pièces historiques d’artistes tels que Howardena Pindell, Pope L., VALIE EXPORT, Ulysses Jenkins, Patty Chang et peter campus. En somme, cette exploration transgénérationnelle de la protestation dans l’environnement performatif invite les visiteurs à se plonger parmi de nombreux thèmes et perspectives complexes. Elle évoque la polarité de l’oppresseur et de l’opprimé, et indique la caméra comme témoin, amenant ainsi le public en tant qu’allié, voyeur ou spectateur de l’action.
Article publié sur https://www.zerodeux.fr/reviews/unbound-performance-as-rupture-a-la-fondation-julia-stoschek-berlin/
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Unbound : Performance as Rupture à la Fondation Julia Stoschek, Berlin
14 septembre 2023 – 28 juillet 2024
Curator: Lisa Long
Assistante Curator: Line Ajan