Practical Information
– curation, production –
31 January – 23 February 2020
Location:
Galerie Mansart
5 rue Payenne
75003 Paris
Photo: © Gabriela Anco
Dans l'espace personne ne vous entend hurler - Cécile Bicler (solo show)
In space no one can hear you scream
«But this is life. This isn’t a movie.» — Sidney Prescott, Scream
EN
Cécile Bicler is an unbroken person. Fearlessly, she speaks of Loveas the Absolute, of Love as a Story. The one and only Love, unique and dreamt of, but which escapes control and flourishes to the entire spectrum of emotions: from unconditional commitment to despair.
A fine enthusiast of genre film, mostly horror, but also of decadent love stories and romance, Bicler searches for the monsters within the unexpected places.
“Dans l’espace personne ne vous entend hurler” is an exhibition about despair, frustration, boredom, fear, pain, discouragement …. and Love, hope, desire, lust and intimacy.
One entire wall is covered in puzzled drawings which shatter up an initial composition in order to be redistributed and thus recreate new values. Just like humans, Bicler’s drawings break up and join others in a cycle dictated by the hand of artist or by the mere chance of the technique. Cécile Bicler dissects her drawings, intending to create new connections amongst fundamentally different scenes. The inspirations are various: horror film stills, ads found in magazines, photographs of the artist’s private life, her lovers, her stories. To the artist, photography captures life, thus a photograph represents a moment from the past, well preserved in the entirety of its essence. The act of drawing, by copying square by square the complete surface of the photographic image, recreates the moment. It is like going back in time and reliving life. Reliving Love. It’s therapeutical. Regardless whether the initial moments belonged to the artist directly – her past, or indirectly – borrowed, it is through the act of intertwining the fabricated drawings that the artist reappropriates all past, creating a complex weave of reality, dreams and nightmares. The final result, the drawing, is thus a dimension in time of its own, it is neither the past, nor the present, though it is parallel to both. Carrying no nostalgic feelings, it rather represents a sane revitalization of a lost feeling.
The ensemble of Bicler’s work intends to make it clear that the value of reality as we see it can and should be questioned. The linearity of the human thought does not correspond with the potential of the human mind. Why live only within one space if the imagination, the memory, the identification with created realities permits existing in multiple places at the same time?
Cecile’s drawings are raw and RAW. Raw in the sense of the crudity of the message, and rudimentary base of our instinctual perception, and RAW, referring to one of the highest bearing digital data format, for they carry an immense amount of unaltered emotions, applied memories, sense. And the puzzle doesn’t stop at the two dimensional perspective of the wall, Bicler moves outside of the wall, by using further structures as supports to other works. This creation of additional walls in front of walls is creating in reality a new depth to the original mural. Depending on the position of the viewer, it will distort the face and thus the message of the mural. Playing with the message, as if creating a plot out of the viewer’s understanding and experience of the exhibition, is surely related to Bicler’s own diversity within her working processes. Complementing the medium of drawing, Cécile is also working with cinematography, cine-collages, and performance. She twists and plays with the perception and interpretation of the viewer, by carefully developing the characters of her films or her performances. A remarkably skillful storyteller, the artist will make the viewer simultaneously identify with and reject the character of the plot. Nothing is ever what it seems.
Nevertheless the underlying message remains authenticity. In a world of schizophrenic and hypocritical values, Cecile Bicler’s work blows out a breath of fresh air – no act, no pretense, no alteration – only whole and true feelings. Dropping bombs of pure honesty, yet in full state of sensitivity and vulnerability, the artist appears at times somewhat crazy, or as she puts is – crazy in Love.
FR
Cécile Bicler est une personne indomptée. Sans peur, elle parle de l’Amour comme d’un Absolu, de l’Amour comme d’une Histoire. Le seul, l’unique, le rêvé, et qui pourtant se multiplie, malgré soi, dans la totalité du spectre des émotions qu’il produit : de l’engagement inconditionnel au désespoir.
Cinéaste cinéphile confirmée, amatrice de cinéma de genre, de films d’horreur surtout, mais aussi d’histoires décadentes et romantiques, l’artiste traque les monstres dans des coins insoupçonnés.
« Dans l’espace, personne ne vous entend hurler » est une exposition sur le désespoir, la frustration, l’ennui, la peur, la douleur, le découragement… et l’amour, l’espoir, le désir, la débauche et l’intimité.
Un mur entier est recouvert de ce que l’artiste appelle des dessins-puzzles, qui, brisant la composition première, se redistribuent, pour ainsi créer de nouvelles valeurs. Tout comme les humains, les dessins de Bicler se séparent et se remettent ensemble avec d’autres, dans un cycle dicté par la main de l’artiste ou par le simple hasard de la technique. L’artiste décortique ses dessins pour créer de nouvelles connexions entre des scènes fondamentalement différentes.Les inspirations sont diverses : instantanés de films d’horreur, publicités trouvées dans des magazines, photographies de la vie privée de l’artiste, ses amants, ses histoires… Pour Bicler, la photographie capture l’instant – la vie. Ainsi une photo représente un moment du passé préservé dans son intégralité. L’acte de dessiner, en copiant carré par carré la surface complète de l’image photographique, recrée cet instant. On remonte le temps et on revit la vie, l’amour. C’est thérapeutique. Indépendamment du fait que les moments initiaux puissent appartenir directement à l’artiste – son passé, ou indirectement – empruntés, c’est par le biais de l’entrelacement des dessins fabriqués que l’artiste se réapproprie tout le passé, créant un tissage complexe de réalités, de rêves et de cauchemars. Le résultat final, le dessin, existe ainsi dans un troisième temps, une dimension parallèle et unique, propre à la création. Sans véhiculer un sentiment nostalgique, il représente plutôt une revitalisation saine d’un sentiment perdu.
L’ensemble du travail de Cécile Bicler a pour but de démontrer que la valeur de la réalité visible peut et doit être remise en question. La linéarité de la pensée humaine ne correspond pas au potentiel de l’esprit. Pourquoi vivre dans un seul espace si l’imagination, la mémoire, l’identification aux réalités fabriquées permettent d’exister en plusieurs endroits à la fois ?
Ainsi, par allusion à l’anglais, on peut dire des dessins de l’artiste qu’ils sont raw et RAW. Raw dans le sens de la crudité du message, et de la base rudimentaire de notre perception instinctive, et RAW, se référant à l’un des formats de fichier d’image les plus performants en matière de stockage des données numériques, ils relayent en effet une immense quantité d’émotions, de souvenirs et de perceptions intacts.
De surcroît, le puzzle ne s’arrête pas à la perspective bidimensionnelle du mur. Bicler se déplace à l’exté- rieur du mur, en utilisant d’autres structures comme supports pour d’autres œuvres. Cette création de murs supplémentaires devant les murs apporte une nouvelle profondeur à la composition originale. En fonction de la position du spectateur, l’accrochage est capable de déformer la face, la direction et donc le message de la disposition du mur en arrière plan. Lié à la diversité des processus de travail de l’artiste, le jeu avec le message rejoint une manipulation habile et consciente de l’expérience visuelle, de la perception et de la compréhension du spectateur à travers la visite de l’exposition.
Parallèlement au dessin, Cécile travaille également la création filmique, les ciné-collages et la performance. Elle tord, et joue avec les impressions et l’interprétation du spectateur, en développant soigneusement les personnages de ses films ou de ses performances. De manière remarquablement habile, l’artiste manipule l’histoire en faisant en sorte que le spectateur s’identifie avec et rejette un personnage simultanément. Rien n’est jamais ce qu’il paraît.
Néanmoins, le message sous-jacent reste l’authenticité. Dans un monde de valeurs schizophrènes et hypocrites, le travail de Cécile Bicler insuffle une bouffée d’air frais – sans théâtre, sans faux semblant, sans aucune altération – uniquement par le biais de sentiments vrais et entiers. Lâchant des bombes de pure honnêteté, tout en état de pleine sensibilité et vulnérabilité, l’artiste apparaît parfois un peu folle, ou comme elle le dit – folle amoureuse.
Gabriela Anco